Wahou, déjà le deuxième article depuis la Namibie. Peu de temps passé depuis la dernière fois mais tellement de choses à raconter. Des choses pas toujours illustrables avec de jolies photos malheureusement, donc on a décidé d’égayer un peu l’article avec quelques « shots » (yep, on possède le jargon désormais) en provenance du parc d’Etosha. Voilà, ça n’a pas de rapport direct avec le schmilblick mais ça vous permettra au moins de vous reposer les yeux entre deux gros blocs de textes !


On essaye de profiter au maximum du temps qui nous reste, sachant qu’on n’a plus désormais devant nous que deux mois de voyage. C’est-à-dire tout juste un sixième de notre année sabbatique, ou encore la moitié d’un tiers, ou même les deux tiers d’un quart, bref, vraiment pas grand chose. On pourrait vous offrir le plus beau poncif du jour en écrivant une phrase du genre « Le temps file à une vitesse incroyable » mais et d’une, ce n’est (presque) pas le genre de la maison, et de deux, on a vécu suffisamment de looooongues journées ces derniers temps pour pouvoir affirmer le contraire.

Mais reprenons les choses dans l’ordre. La dernière fois que nous avons mis ce blog à jour, nous étions encore sur la côte, à Swakopmund, encore jeunes, fous et insouciants à l’approche du drame à l’horreur sans nom, qui se préparait dans les coulisses d’une tragédie à la conclusion forcément malheureuse (ta-ta-tin !). On pratiquait une fois de plus (remember Pérou) le sandboard sur les dunes des environs, dont la hauteur et les pentes abruptes permettent d’atteindre des vitesses peu raisonnables de plus de 70km/h en bas de descente. Records certifiés conformes par les organisateurs qui avaient apportés avec eux un radar de police pour nous contrôler (le record ultime étant établi à 82km/h). L’engin nécessaire pour descendre aussi vite est assez basique : en fait une simple planche de contre-plaqué sur laquelle on s’allonge tête en avant, avec de la graisse de gnou étalée dessous. Autant dire que c’est éminemment peu contrôlable et vachement générateur de belles gamelles. Vincent se tâte encore (au sens propre comme au figuré) pour savoir s’il s’est cassé, ou juste fêlé, une côte dans l’opération. De toute façon ce n’est pas trop grave, on ne pourrait rien y faire d’autre qu’attendre que ça guérisse.

Mais un soir qu’on rentrait gaiement dans notre camping, voilà que la température de la voiture se met à grimper brusquement au delà de tout niveau raisonnable et que le moteur se met à nous insulter dans sa langue sans subtilité, en allumant tous les voyants d’un coup. Bien que fort peu portés sur la mécanique, on a soupçonné que ça voulait dire que quelque chose ne tournait pas rond. De toute façon, 30 secondes plus tard le moteur se coupait pour de bon et nous laissait en rade au milieu d’un faubourg lugubre, à deux kilomètres de notre camp. Sachant qu’il vaut mieux dans l’absolu éviter de traîner dehors le soir (pour tout dire, on a même interdiction formelle de conduire la nuit), on riait plutôt jaune à cette bonne blague. Après plusieurs essais pour le redémarrer à coups de pompe, le moteur a consenti à mourir quelques centaine de mètres plus loin, pour qu’on n’ait plus qu’à pousser le van jusqu’à notre emplacement.
Une fois en sécurité, on a ouvert le capot pour vérifier les niveaux, pour découvrir avec consternation que le radiateur ne contenait absolument plus un seul millilitre d’eau. Là ça craint, il doit y avoir une fuite quelque part ! Mais on remet le problème au lendemain, la nuit portant conseil. Au matin, on remplit le réservoir d’eau, pas de fuite apparente, le moteur repart, on décide donc d’appeler le proprio de la caisse pour décider de la conduite à tenir. Celui-ci nous demande de faire un détour par Windhoek, la capitale, histoire de faire un contrôle de tout ça. On n’avait pas du tout prévu de passer par là, c’est ballot. Même si on peut deviner que ça ne faisait pas partie de vos destinations privilégiées pour les années à venir, on vous le dit quand même : n’allez pas à Windhoek ! Si on devait lui donner un titre de « plus quelque chose », ce serait la capitale « la plus sans intérêt of da whole universe ». Seulement voilà, 350 kilomètres à faire sur une route chaude comme une baraque à frites, ça n’a pas du arranger nos affaires. Ou alors le moteur du van est taquin. Toujours est-il qu’on a eu le droit à un remake façon sapin de noël des petites loupiottes s’allumant sur le tableau de bord, avant que le moteur ne meure pour de bon, dans un « prshouuut » sans gloire, sans même une petite émission de fumée pour faire bon genre.
Évidemment, on était loin de toute agglomération, ce qui arrive en fait très souvent en Namibie (c’est-à-dire partout en dehors de Windhoek). Comme il se doit, le portable ne captait pas, ça aurait été trop facile pour appeler les secours. Et il faut savoir qu’ici, les automobilistes répugnent à s’arrêter pour vous aider, dans la crainte d’un piège pour les détrousser. Du coup, alors que la nuit commençait à tomber, la situation était loin d’être super évidente à gérer. Heureusement, en marchant un petit quart d’heure vers la butte la plus proche, on a été capable de faire apparaître une brique sur le portable et de réussir difficilement à appeler la cavalerie à la rescousse.
Le mécano (c’est-à-dire la cavalerie en question) qui arriva peu de temps après dans sa vieille jeep, était un phénomène, une gueule, un vrai personnage de film (ou de BD). Casper Du Plessis (c’était vraiment son nom) clope au bec, les bras couverts de cambouis, un vieux T-shirt Road 66 délavé sur les épaules, portait partout sur sa personne l’écriteau « mécanicien vivant au fin fond de nulle part ». Il possédait en plus un sourire plein de malice à la John Wayne, qui donnait plus envie de rire que de pleurer sur notre accident. Il inspecta le moteur, vérifia deux ou trois connexions puis nous annonça « no more compression, the car is fucked up, hope you will enjoy your holidays in Usakos » avec un tel détachement qu’on a pris la nouvelle avec bonne humeur. Le gars nous a quand même fourni un super hébergement dans une « ville » (le Usakos en question) qui n’avait sûrement pas dû voir un seul étranger depuis la visite des missionnaires allemands au début du siècle dernier…

Finalement, la compagnie de location nous a arrangé un remorquage jusqu’à Windhoek, où les pièces détachées sont plus faciles à trouver (au passage, le diagnostic était : courroie de transmission coupée net). Mais là encore c’était assez folklorique (n’oublions pas que nous sommes en Afrique). La dépanneuse était conduite par deux jeunes jackys pure souche qui n’auraient pas dépareillé dans les rues de Lens (oui, c’est toujours sur le Pas-de-Calais que ça tombe, c’est moche mais c’est comme ça). En plus d’accrocher notre voiture avec trois bouts de ficelle coupés à l’aide de notre couteau de cuisine (authentique), Starsky et Hutch n’avaient pas prévu de sièges pour nous emmener avec eux ! Alors où va-t-on voyager ? Et bien dans le très petit espace situé dans la cabine de leur pick-up, juste derrière leurs sièges. Quand on dit petit, c’est qu’on devait entremêler nos jambes pour pouvoir tenir dedans face à face, à même le sol, dans un endroit où les épaules de Vincent tenaient tout juste en largeur (et tout ceux qui ont fait des vannes pleines d’esprit sur son tatouage savent qu’elles ne sont pourtant pas bien larges !). 250 bornes à parcourir de cette façon, vive l’aventure !
On pourrait imaginer qu’il s’agissait de la fin de l’histoire mais ça n’aurait pas été très amusant. Non, après deux jours passés à ne rien faire dans Windhoek (pléonasme) le garagiste nous a rapporté le van en nous disant que ouais, on pouvait y aller, mais que ses réparations ne tiendraient pas plus de 15 jours. Soit le temps nécessaire pour nous permettre de rejoindre tranquillement Maun, au Botswana, où on nous aurait fourni un véhicule de rechange. Seulement voilà, le brave homme devait compter en temps namibien car les 15 jours en questions se sont finalement trouvés réduits à 4. Mais ne brûlons pas les étapes…


On est donc partis plein d’espoir vers le magnifique parc national d’Etosha, dans le nord de la Namibie, tout heureux d’avoir récupéré notre van. C’est qu’il s’agissait en fait quasiment du dernier safari qu’on pouvait faire par nous-mêmes. Au Botswana, on aura besoin d’un 4×4 (et notre van actuel ne supporte même pas un peu de sable) et en Tanzanie, on n’aura plus de voiture tout court. Bref, c’était bien d’avoir récupéré le van à temps. On avait prévu d’y passer au moins trois journées entières, voire plus suivant la quantité d’animaux qu’on allait y voir. Comme d’habitude avec les parcs de la région, c’était annoncé « fully booked jusqu’en 2010, même pas en rêve tu peux venir le visiter » mais en arrivant sur place et en insistant un peu, on a réussi à avoir de la place sans trop de difficultés.

Heureusement car c’est un des plus beaux parcs qu’on ait vus, et on commence à devenir experts sur le sujet. Non seulement le paysage est magnifique, de la superbe savane étendue autour d’un immense lac asséché, rappelant quelque peu la désolation des salars boliviens, mais en plus, la vie sauvage y est foisonnante.

On y a observé les plus gros troupeaux de zèbres, gnous, springboks et même éléphants depuis notre arrivée sur le sol africain. Et ce n’est pas tout : il est en plus super facile d’y croiser des lions ! Pas aussi près qu’au Kgalagadi mais ça fait toujours plaisir.

Et ce n’est toujours pas tout ! On y a enfin vu notre premier rhino noir, essayant de trouver sa place pour boire le soir, dans un trou d’eau squatté par une vingtaine d’éléphants. D’ailleurs on est désormais capable de répondre à cette question fondamentale : « Mais c’est qui le plus fort entre l’éléphant et le rhinocéros ? » (bon, on sait, la vraie citation c’est avec l’hippopotame mais vous n’allez pas chipoter !). On a donc vu les deux gros bestiaux s’envoyer dans les cordes juste pour le plaisir de savoir qui a la plus grosse (Corne ? Trompe ?). Au début, on a bien cru que le nombre allait avoir raison du courageux rhino. A 20 contre 1, on ne peut pas dire que les pronostics étaient vraiment en sa faveur. Mais le bestiau, loin de se démonter, a commencé par charger un des éléphanteaux qui voulait faire comme les grands et essayait de l’impressionner à en battant des oreilles (le spectacle d’un humain essayant de faire la même chose ne serait pas inintéressant non plus). Résultat, le jeune présomptueux a dû fuir piteusement, la trompe entre les jambes. Peut-être ce succès a-t-il donné des ailes au rhino, car il s’en est pris successivement à tous les membres de la horde jusqu’à ce qu’il se retrouve seul avec un grand mâle autour de la mare, signant ensuite un traité de non-agression. Belle performance !

Dernier animal qu’on a pu observer en long en large et en travers à Etosha : le léopard. Au départ, tout a commencé par la découverte d’une springbok allongée sur la plus haute branche d’un arbre. Une rapide réflexion nous a conduits à penser qu’elle n’avait pas dû venir ici par ses propres moyens. D’abord parce qu’il ne doit pas être évident de grimper aux branches avec des sabots. Et surtout parce que c’est encore plus dur à faire avec le ventre ouvert et les boyaux à l’air ! La vraie question était donc : mais où est le léopard qui a fait ça ? Après plusieurs passages infructueux, on a fini par repérer le meurtrier, revenu sur les lieux de son crime pour mâchonner sa carcasse, léchant avec avidité les restes de la petite gazelle comme on sucerait une friandise. Mignon, le petit chat !


Mais tout ça c’était avant le drame (tiens, comme une impression de déjà vu !). Alors qu’on se dirigeait vers l’est du parc, voilà que les mêmes symptômes vont avoir les mêmes conséquences. Les voyants qui s’allument d’un coup, le moteur qui se coupe brusquement au milieu de nulle part et bien sûr l’impossibilité totale de joindre les secours autrement qu’avec des signaux de fumée. Avec cette fois la petite variante qui empêche de sortir de sa voiture sous peine de servir de repas à un lion ou de paillasson à un éléphant un peu nerveux. Le coup de bol ce coup-ci, c’est qu’on pouvait compter sur les autres véhicules pour nous aider, vu que seuls des touristes se promènent dans le parc (donc pas de crainte d’agression). Bref, on a fait remorquer la voiture jusqu’au camp le plus proche où une nouvelle dépanneuse est venu nous séparer du van dans le quel on voyageait depuis deux mois. Triste mais nécessaire séparation.


Au moins, on n’a pas tout perdu au change car pendant qu’il nous amène personnellement un nouveau véhicule, le proprio du van nous a installés chez la mère de sa petite copine, qui nous traite comme ses enfants en nous nourrissant à l’œil de plats plus que consistants. Peut-être même qu’on va finir par prendre des kilos ! Bref, on prend ça avec le sourire et on devrait même être capable de reprendre la route bientôt, vers le nord de la Namibie et enfin, si tout va bien, le Botswana. Mais on ne jure plus de rien tant qu’on n’y a pas enfin les pieds…
PS : Puisqu’on profite en plus honteusement, et toujours gratuitement, de l’internet de Louise, l’extrêmement gentille dame qui nous héberge, on a en plus mis à jour la carte du trajet en Namibie ainsi que la section bières.
J’aime beaucoup la photo de l’autruche qui s’en va droit devant vers le grand nulle part du Pan d’Etosha.
Au fait comment dit on en français : le Pan d’Etosha ou la panne d’Etosha ?
Euh, bon d’accord je sors…
salut!
Petite déception, même pas une photo de Casper du Plessis, a vous lire, il semble qu’il vous ait fait plus d’impression que les animaux vus a Etosha…
De fait, un ami bien est toujours mieux qu’un n’y voit rien (proverbe africain de circonstance).
On pense bien à vous!
bises
yo
Bonjour à vous deux,
Que de péripéties et que d’aventures !…mais cela fait partie des impondérables de votre périple. L’essentiel, c’est que vous continuiez à prendre toutes ces mésaventures avec le détachement qui vous honore.
Merci encore pour les photos superbes de la faune sud-africaine et les vidéos à sensation. Il n’est pas dit que nous n’essaierons pas un jour ce genre d’exercice, mais ce sera « les pieds devant » !.
Allez, bonne continuation et d’avance, merci pour vos prochains reportages teintés d’imprévus et de prouesses sportives.
Bises à vous deux
Alors je dis bravo pour vôtre self control !!
J’avoue que dans une situation pareil , j’aurais fini par me pendre à un grain de sable….
Effectivement une photo de Casper du plessis aurait été la meilleur illustration de vôtre aventure 🙂
Bravo encore je vous admire.
Je vous souhaite de bien belles aventures pour vos dernières semaine …
Audrey je t’embrasse bien tendrement
Mon Macho , je …. devine ( après tout ça, plus rien ne devrait t’effrayer 🙂 )
P.S. : j’ai quand même une question, qui a eu envie de taper l’autre ??
Eh le futur père, va falloir apprendre à contrôler tes pulsions hein ? (c’est bien sûr Vincent qui parle) Va falloir être sérieux désormais, tout ça quoi !
Sinon bizarrement, surtout connaissant nos deux caractères, disons le pudiquement, assez bien trempés, nous ne sommes pas du tout mis sur la gueule pendant les pannes à répétition. C’était peut-être nerveux mais Audrey enchaînait les fous-rires. D’autres gens trop romantiques diront que c’est parce qu’on est super mignons et amoureux tout plein 😀
Ou pas…
Il y a zèbres et zèbres, et vous, vous faites de sacrés zèbres.
Contrôle radar en descente de sandboard à 70 et 72 Km/h, alors que nous, pauvres citoyens bien sages, avons eu un PV à 57 Km/h, lors d’un contrôle identique, mais sans la planche et là, c’est toute la différence !!
Je crois qu’à l’avenir, nous ne parlerons plus de panne, même avec la super 5.
Greg est futur père????
Cher ami Viet, il faudrait voir à ne pas confondre entre eux l’ami portos et l’ami basque. Certes, ils viennent tous deux de contrées incroyablement arriérées où le passe temps principal de l’un, la chasse à l’olive, le dispute en ridicule à celui de l’autre, le jeter de balle sur mur de pierres, un panier en osier attaché à la main. Mais ce n’est par une raison pour ne pas voir qu’ils sont des personnes à part entière qui mérite le respect dû à tout être hum…. ou pas finalement… 😀
Sur ce, je vais peut-être aller me coucher, moi…
Vincent
Pas mieux tout est dit .
Ah si pour toi Ami viet, je suis celui à qui on a donné le surnom de « La Pu… » lors de la célèbre EVG de Vincent 🙂
On ne dit pas EVG mais IVG. D’ailleurs ce n’est pas possible sur un garçon. Je comprends rien à vos blagues.
Bon les loulous, depuis le dépôt de ce dernier message vous avez dû repartir pour de nouveaux horizons… enfin j’espère ! C’était juste pour vous faire un coucou.
Des bises !
Entre Rito et le Portugais, c’est vrai que je m’embrouille. Quel idée de prendre des surnoms pour écrire sur les blogs, aussi…
L’Ami Viet, qui n’a jamais pris Maminie pour l’Ancienne, ni confondu l’Ami Portugais avec Greg, et qui n’a jamais fait peur à Ferry
PS: à ma décharge, l’élan d’amour de l’Ami Portugais pour Vincent ressemble à s’y méprendre à une envolée lyrique du Greg pour l’Ami Roux.
Pour revenir à l’Article, je rejoins l’Ancien sur la photo de l’Autruche qui rentre à Paris parce qu’elle en a marre du tour du monde. Y’en a qui devrait en prendre de la graine !!(j’dis ça, j’dis rien)
Nouveau Challenge, tu devras reconnaître tous les drapeaux qui se trouvent sur votre nouveau van (même si ce ne sont pas des drapeaux de pays). Et tu n’as pas le droit à l’appel à un ami, bien entendu, car j’en connais un qui se ferait un trop grande joie de trouver toutes les réponses.
L’Ami Viêt
PS: j’aime beaucoup le proverbe africain de Yoannoflyon