Swakopmund est une des (très) rares villes situées sur le littoral namibien, autrement complètement désert (un total de 3 villes sur une côte d’environ 2000km de long, on doit pouvoir utiliser le terme « désert »). Normal, l’eau est glaciale et les environs sont tout sauf hospitaliers : qui voudrait s’y installer ? Elle possède un nom à consonance allemande, ce qui n’est guère étonnant vue que la Namibie fut naguère une colonie teutonne. Nous y sommes arrivés après avoir traversé la moitié sud du pays, pas vraiment une mince affaire vu la taille du dit pays et le fait que peu (trop peu) de routes soient goudronnées. Mais ça nous fait du bien de retrouver la civilisation, en même temps que la mer, après des semaines passées dans le désert, que ce soit en Namibie ou en Afrique du Sud.

Dans le dernier article, on vous avait envoyé quelques photos prises lors de notre passage dans le Kalahari. On devait ensuite traverser la frontière au niveau du parc national et se diriger directement plein nord vers les fameuses dunes de Sossusvlei. Seulement voilà, on a comme d’habitude ouvert le guide au dernier moment et découvert qu’il existait dans le sud du pays un canyon a priori pas vilain et qui vaudrait quelque peu la comparaison avec LE Grand Canyon amerloque. Ni une, ni deux, mais 500 kilomètres plus loin à travers les paysages les plus désolés au monde, nous voilà arrivés au bord du Fish River Canyon. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on n’a pas eu à regretter ce détour.

Les mots nous manquent (et c’est suffisamment peu fréquent pour être signalé) pour décrire le paysage qu’on peut admirer depuis les bords du précipice. Majestueux, grandiose… Pour reprendre les mots de Mr Powell, un des pionniers qui ont découvert le Grand Canyon, c’est « too vast, too grand for description ». Le canyon est bien moins profond (550m) que son illustre confrère américain et il est possible de voir la rivière, ou plutôt ce qu’il en reste en cette période sèche, refléter la lumière du soleil dans le fond. Par contre, en ce qui concerne la largeur, le canyon de la Fish River n’a pas grand chose à envier à quelque autre formation géologique. L’autre rive semble perdue loin à l’horizon. Entre les deux, c’est un chaos de pitons, de falaises et de formations rocheuses aux formes étranges. Qui plus est, l’éloignement limite le nombre de touristes : aucun bus de chinois bruyants pour vous empêcher de profiter du coucher de soleil en toute sérénité.

On n’a pas fait non plus que l’admirer d’en haut : on est allé voir par nous-mêmes à quoi ressemblait le fond. Bon, Vincent a su (difficilement) résister à l’appel du trek de 5 jours de long qui parcourt le canyon sur toute sa longueur. C’est qu’on a d’autres choses à voir en Namibie et que, même sur un an de voyage, le temps est limité. On s’est contenté de remonter la vallée au cours d’une petite marche qui nous a permis de découvrir des paysages superbement désolés. Bien qu’il y ait ici un peu d’eau, la vie est rare et on se sent très rapidement perdus en plein désert. Trop chaud par ici, on n’a qu’une envie, se mettre à l’eau ! Oui mais voilà, où ? Et bien justement, dans une oasis juste à côté, un centre thermal a été aménagé, dont la présence est aussi incongrue dans cet univers minéral qu’une chanson de Brassens dans la bouche de Beyonce. Néanmoins, profiter du luxe des installations thermales et des bains bouillants (et bouillonnants), ça n’a pas de prix ! Ou plutôt si, juste celui du camping adjacent…


Ceci fait, on a une nouvelle fois couvert beaucoup de distance pour rejoindre la petite « vile » de Sesriem. Sesriem n’a rien pour elle si ce n’est d’être le point de passage obligé pour aller visiter les fameuses dunes de sable du désert du Namib. Il y a des gens qui ne viennent en Namibie que pour admirer ces dunes ! Ce doit être les mêmes qui achètent des « tours de l’Europe en une semaine »…


On ne peut pas leur donner totalement tort non plus car le spectacle des rangées de dunes parallèles au soleil levant vaut son pesant d’or (en fait, on verra plus loin que ce n’est malheureusement pas qu’une façon de parler). Le sable passe par toute une incroyable série de couleurs, du rose pâle à l’orange vif, pour finir par un jaune doré de carte postale. Et ce qui est agréable, c’est que tous les touristes vont moutonner en groupe dans le même coin, laissant le calme du désert à ceux qui font l’effort de marcher un peu plus loin dans les dunes.

Au delà du célèbre Sossusvlei, il y a des endroits cachés à quelques kilomètres, accessible à pied uniquement, où on peut expérimenter l’impression d’être seul au monde. On arrive sur des plaines dont la terre a littéralement cuit au soleil, entourées de dunes de 300m de haut. Bon, soit disant qu’il s’agit des plus hautes du monde mais on se souvient que les péruviens disaient la même chose du Cerro Blanco, alors on se contentera de dire que c’est trop haut pour y grimper sans y laisser un poumon. D’accord, la marche sous le cagnard brûlant est une des plus dures qu’on ait jamais faites si on la ramène à sa durée. On a chacun perdu trois litres d’eau partie en sueur. Mais profiter seuls d’un terrain de jeu de pareil, ça vous laisse des souvenirs inoubliables.




Pour revenir rapidement sur le fait que les namibiens ont bien compris que touriste rime avec pompe à fric, il faut parler du camping de Sesriem. En fait, si on veut pouvoir franchir les barrières du parc avant le lever de soleil et profiter de celui-ci depuis les dunes, on est OBLIGE de dormir dans le dit camping, ou dans une des lodges adjacentes. L’endroit est donc toujours surbooké mais fidèles à notre habitude, on est arrivé sans réserver. On a tchatché un veilleur de nuit dubitatif quant à notre réservation perdue, mangée par un lion borgne, et notre pneu crevé, grignoté par des rock dassies, qui nous aurait mis en retard, jusqu’à ce que celui-ci nous ouvre la grille avec une certaine désapprobation. Le lendemain, en honnêtes petits français que nous sommes, on est quand même passé à la réception régler la note pour la nuit. Ben on aurait mieux fait de filer à l’anglaise : 600 dollars namibiens la nuit en camping ! Soit 55 euros pour un coin de sable à côté des douches. En fait on a compris le pourquoi de la chose : pour être sûrs d’avoir un « plus quelque chose », les gens de Sesriem ont multiplié leurs tarifs par 5 pour devenir le camping le plus cher du monde, élémentaire mon cher Watson !


D’autant plus vilain si on le compare avec le plus (encore un « plus ») extraordinaire camping dans lequel on ait jamais dormi, juste au pied des montagnes de Naukluft. Cet endroit proposait un concept unique, ou du moins tout nouveau pour nous. Chaque emplacement possédait en effet son propre bloc sanitaire. C’était déjà surprenant mais ça n’aurait été qu’anecdotique sans le fait que chaque emplacement était situé à au moins 100m de l’emplacement voisin ! C’est ça de posséder des propriétés de plusieurs centaines (voire milliers) d’hectares, on peut se permettre ce genre de luxe ! D’ailleurs, la réception proposait gratuitement plusieurs treks à faire dans l’enceinte de la propriété : l’un d’eux faisait pas moins de 21km de long, imaginez la taille du truc ! Évidemment dans ces conditions, on a vraiment l’impression de camper en plein milieu de la nature, loin de toute civilisation (ce qui n’est d’ailleurs pas vraiment faux).

Le lendemain, gros trek de 7h de long dans les montagnes toutes proches. On a découvert qu’il pouvait y avoir de l’eau en Namibie puisqu’on a remonté et descendu deux petits canyons au milieu desquels coulaient de jolis ruisseaux formant cascades et bassins, où on pouvait même se baigner. Un paysage idyllique d’autant pus surprenant que, dès qu’on quittait les vallées, on arrivait sur des plateaux secs où, sans vent, on aurait suffoqué sous la chaleur. Une marche très dure mais qui nous a permis de voir nos premiers klipspringers, des petites antilopes encore plus agiles que nos chamois. Évidement, il n’y a que des français pour s’infliger des trucs pareils et on était encore bien loin des foules, ce qu’on apprécie toujours plus.




La suite du programme n’est pas très claire mais il est certain qu’elle inclura le parc national d’Etosha, où il nous reste plein d’animaux à voir. On n’est pas encore blasés et il nous manque encore les rhinos noirs à rajouter à notre liste, qui commence pourtant à être longue. Bonne canicule à vous, nous on peut vous dire que même si on est en plein hiver, on est bien content d’avoir la clim’ dans la voiture pendant la journée !