Nous voilà de retour sur le net après une absence de près de deux semaines. La raison en incombe avant tout à notre toute dernière destination : la Polynésie française. Car oui, on est de retour en France (même s’il s’agit d’un des territoires les plus éloignés de la métropole) ! Nous n’étions pas particulièrement en manque de notre chère patrie mais bon, ça nous fait bizarre de retrouver de la vraie baguette au petit déjeuner et de reparler français après tout ce temps passé dans des pays hispanophones (et avant de se faire une cure de quelques mois d’anglais).
Pas de blog ces derniers temps disait-on car internet est ici aussi rare que cher (et vice versa) : carrément un facteur 50 avec le moins cher qu’on ait eu en Amérique latine ! D’ailleurs ici, les prix s’envolent pour atteindre des sommets incroyables et notre budget explose quotidiennement à grands coups de billets avec plein de zéros derrière… Mais on essaye de ne pas y faire trop attention car on aborde dans ces îles les 15 jours « lune de miel » de notre périple. Finies les randos sous la pluie, au placard la tente et la popote, bonjour les bungalows sur la plage, le short et les palmes. Le short c’est obligatoire car la chaleur peut être terrible en journée et on n’a alors qu’une envie : se foutre à l’eau dans le lagon. Eau à peine rafraîchissante d’ailleurs car sa température oscille entre 28 et 30°C !
On a pris un pass Air Tahiti qui, à coups de sauts de puces de quelques minutes, nous permet de voyager en avion d’île en île et d’avoir un aperçu d’au moins deux archipels sur les cinq que compte officiellement la Polynésie : les îles de la Société et les Tuamotu (Grand jeu du jour : citer les trois autres archipels sans regarder une carte. Notre admiration la plus sincère ira à celui ou celle qui en sera capable. Petite précision cependant, les gens ayant bossé dans un certain atoll célèbre des Tuamotu sont disqualifiés d’office !). A notre menu donc, les îles et atolls suivants : Tahaa, Maupiti, Bora Bora, Rangiroa et Fakarava. Que des noms exotiques qui font rêver n’est-ce pas ? On remarque au passage que la lettre « A » devrait valoir moins qu’un point au scrabble polynésien…
Ce qui est sympa, c’est que chaque île ou atoll a sa propre personnalité bien marquée. Du coup, on n’a pas vraiment d’impression de redite. Mais au fait c’est quoi la différence entre une île et un atoll ? C’est très simple et c’est la minute culturelle du jour : au départ, il y a toujours un volcan, sorti de l’océan après une éruption sous-marine. Un récif corallien se forme au niveau de la surface de l’eau sur les pentes de la montagne. Puis le volcan, une fois éteint, s’enfonce dans l’océan. Le corail, lui, construit son récif verticalement pour rester proche de la surface de l’océan. Du coup une barrière circulaire de corail se forme là où se trouvait auparavant la roche volcanique en contact avec l’eau : c’est comme ça qu’on obtient une île entourée d’un lagon (Maupiti ou Bora Bora par exemple). Petit à petit, l’île centrale coule jusqu’à disparaître totalement. Il ne reste alors qu’un cercle fin d’îlots de corail paumé au milieu du grand bleu : un atoll comme ceux de Rangiroa et Fakarava.
Mais revenons aux îles elles-mêmes. Nous avons commencé par Tahaa, très justement surnommée « l’île vanille » pour son importante production de… vanille, bien joué ! On y a visité une exploitation et on peut vous dire que les senteurs qui s’en dégagent mettent l’eau à la bouche en deux secondes. Tahaa est une île loin des sentiers touristiques, assez peu peuplée, où on peut encore facilement imaginer ce que pouvait être la vie il y a quelques années dans toute la Polynésie, partagée entre la pêche et la cueillette des fruits, incroyablement variés d’ailleurs. Ici tout pousse avec une déconcertante facilité. Et puis le lagon est superbe et la vue sur Bora Bora dans le lointain au soleil couchant, un verre de punch à la main, vaut son pesant de cacahuètes label bio !




L’étape suivante, Maupiti, fut vraiment notre coup de cœur. Maupiti est une toute petite île, même selon les critères d’ici : à peine 10 kilomètres de circonférence. Mais c’est un vrai joyau, une perle verte au milieu d’un lagon bleu saphir. Rien que l’arrivée en avion, quand celui-ci contourne les flancs abrupts de la montagne avant de s’aligner sur la piste, réjouit l’œil. En plus notre pension était clairement le meilleur rapport qualité / prix de tout le territoire polynésien : un cadre superbe et toutes les commodités au bord du lagon pour un prix super raisonnable (et on ne parle même pas de la cuisine, juste merveilleuse à base de langoustes et de mahi mahi fraîchement pêché !). Nous en avons fait le tour en vélo, en kayak… On pouvait s’arrêter sur n’importe quelle plage, seuls au monde, pour enfiler un masque et des palmes et admirer une faune sous-marine super variée. Bref le pied ! En plus le dernier jour (en parlant de pieds justement) nous avons fait la petite grimpette pour aller au sommet de l’île et la vue de haut sur Maupiti et son lagon est un souvenir inoubliable.



Le snobisme touristique actuel en Polynésie voudrait que Bora Bora soit une destination à éviter. « Vous comprenez ma bonne dame, c’est plus ce que c’était et puis les gens là-bas, y sont même pas gentils ! ». On remarque néanmoins que tous ceux qui nous ont dit ça y étaient tout de même passés… Certes, l’île est clairement plus touristique que ses voisines et présente aujourd’hui des rangées de bungalows de luxe sur son lagon. Mais et d’une, les gens y sont majoritairement aussi aimables que partout ailleurs en Polynésie (c’est à dire adorables) et de deux, le lagon de Bora est une merveille finalement encore peu abîmée par le tourisme. Une merveille donc, qu’on a parcourue en bateau toute une journée. Et, grosse nouveauté, c’est nous qui conduisions le bateau (un bateau sans permis bien sûr, donc pas super rapide mais largement suffisant pour être autonomes) ! Et c’est aussi à Bora Bora qu’on a fait un des plus beaux snorkelings (palmes-masque-tuba) de toute notre vie : tellement de poissons réunis en bancs qu’on devait les écarter des mains et qu’on ne voyait presque plus les coraux ! Sans exagérer (ou presque) ! Comme en plus on y a fait la connaissance d’un petit groupe de jeunes qui travaillaient sur place dans les hôtels de luxe, on y a passé de très bonnes soirées. Bref, une chouette escale.






Enfin les atolls des Tuamotu : Rangi et Faka pour les intimes. D’immenses atolls de quelques dizaines de kilomètres de diamètres, 2m d’altitude au maximum au dessus du niveau de la mer, et où ne poussent que des cocotiers à perte de vue. Il faut le savoir, il ne faut pas venir ici si on n’aime pas les sports aquatiques. Il n’y rien d’autre à faire sur place que de se mettre à l’eau. Avec ou sans bouteilles sur le dos, c’est une autre question. Nous, on avait clairement privilégié l’option « avec », la plongée dans les « passes » (les chenaux qui relient le lagon à l’océan) étant de renommée mondiale. Les passes donc, on les a parcourues en long, en large et surtout en travers. Il y a un tel courant à l’intérieur qu’il est illusoire de vouloir lutter contre. On se contente de se mettre dans une position confortable et de se laisser voler à toute vitesse au dessus des fonds marins en ouvrant grand les yeux. Et il y a de quoi voir, pour ne citer que les « gros » : des barracudas par centaines en bancs bien ordonnés, des poissons napoléon verts et paisibles, des thons, des carrangues, des tortues marines… Mais les stars ici, ce sont les requins gris qui évoluent par dizaines sur le fond, somnolant le jour et chassant à la nuit tombée, les dauphins, qui viennent jouer avec les plongeurs, et bien sûr les raies manta. Ca y est, on a enfin vu notre première raie manta, cet immense bestiau qui semble voler dans l’eau ! Depuis le temps qu’on l’espérait, on se croyait maudits ! Et la rencontre fut vraiment belle… Cerise sur le gâteau, on a même croisé aussi un « voilier du Pacifique », très rare dans le coin, un très grand poisson gris effilé avec une grande corne à l’avant, cousin de l’espadon. Le tout dans une mer d’un bleu profond qu’on ne croirait exister que pour les films de feu Cousteau… On a vraiment emmagasiné de belles images. Ca donne envie de découvrir le reste du territoire polynésien mais il nous faudrait bien plus de temps et d’argent…




Mais le voyage dans les îles est bientôt fini et le réveil risque d’être brutal. On arrive en Nouvelle-Zélande, notre prochaine destination, en plein automne. Il va falloir ressortir les polaires remisées au fond du sac depuis deux semaines ! Mais au moins, il y a des chances pour qu’on donne des nouvelles plus fréquentes. See you soon !
PS : on a aussi rajouté une petite carte pour visualiser le trajet en Polynésie. C’est là qu’on se rend le mieux compte de l’immensité de ce territoire… Et pour les tricheurs, il y a aussi la solution à la question posée plus hauts (quoique…)